Blanche Neige

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Toute la journée, la jeune fille restait seule ; les bons petits nains l'avaient mise en garde :

- Méfie-toi de ta belle-mère. Elle ne tardera pas à apprendre que tu es vivante, et viendra te rechercher jusqu'ici.

La reine croyait être de nouveau la plus belle femme du monde. Un jour, elle voulut se le faire confirmer par son miroir. Le miroir répondit :

- Reine, tu étais la plus belle, mais Blanche neige au pays des sept nains, au-delà des monts, bien loin, est aujourd'hui une merveille.

La reine savait que son miroir ne mentait pas. Furieuse, elle comprit que le garde l'avait trompée et que Blanche neige vivait encore.

Elle réfléchit longtemps au moyen de s'en débarrasser, et décida de se rendre chez les sept nains. Après s'être bruni le visage et habillée en marchande, elle frappa à la porte de la maisonnette en criant :

- Belle marchandise à vendre, belle marchandise !

Blanche neige se pencha à la fenêtre et demanda :

- Bonjour brave femme. Que vendez-vous ?

- Des corsets, des rubans, et toutes sortes de colifichets.

" Je peux bien laisser entrer cette brave femme ", pensa Blanche neige, et elle ouvrit la porte pour acheter quelques rubans pour son corselet...

- comme ils vous vont bien! s'exclama la marchande avec admiration. Mais laissez-moi vous lacer, vous jugerez mieux de l'effet.

Blanche neige, qui ne se doutait de rien, la laissa faire.

La vieille serra si vite et si fort que la jeune fille tomba à terre comme morte.

- Et maintenant, ricana la reine, je suis de nouveau la plus belle femme au monde. Et elle quitta rapidement la maisonnette.

Le soir, en rentrant, les sept nains furent épouvantés à la vue de Blanche neige gisant à terre, sans vie. Apercevant le corselet tellement serré, ils coupèrent immédiatement les lacets. Blanche neige peu à peu revint à la vie.

Elle leur raconta ce qui s'était passé. Les nains lui dirent alors :

- cette vieille marchande devait être ta belle-mère, Fais bien attention désormais et ne laisse entrer absolument personne.

Cependant, la reine, revenue dans son palais, prit son miroir et le consulta. Elle apprit ainsi que Blanche neige était toujours en vie, et entra dans une violente fureur. 

"Il faut pourtant qu'elle disparaisse" pensa-t-elle, 

Elle enduisit un peigne de poison, prit un autre déguisement, partit à travers la montagne et arriva à la maison des sept nains. Elle frappa à la porte et cria :

- Belle marchandise à vendre, belle marchandise !

Blanche neige se pencha à la fenêtre, mais ne voulut pas la laisser entrer.

- Vous pouvez toujours regarder, lui dit-elle.

Cela ne vous engage à rien.

Et elle tendit le peigne empoisonné à la jeune fille. Il était si beau que Blanche neige ne put résister à la tentation. Elle entrebâilla la porte et acheta le peigne.

- Laissez-moi donc vous coiffer joliment, lui dit la marchande.

Mais à peine avait-elle passé le peigne dans les cheveux de la jeune fille que le poison commença à agir et que Blanche neige tomba à terre sans connaissance.

Par bonheur, ce jour-là, les nains revinrent plus tôt que de coutume. En voyant Blanche neige étendue à terre, pâle comme une morte, ils comprirent que sa belle-mère était encore venue. Ils découvrirent le peigne empoisonné, l'arrachèrent, rendant ainsi la vie à la jeune fille.

Puis ils lui firent promettre de ne plus ouvrir la porte sous aucun prétexte.

La reine, arrivée au palais, demanda à son miroir :

- Miroir, miroir en bois d'ébène, dis-moi que je suis la plus belle.

Et le miroir répondit à nouveau que Blanche neige était une merveille.

Cette réponse fit trembler la reine de rage et de jalousie. Elle jura que Blanche neige mourrait, dut-elle mourir elle-même. Elle alla dans son cabinet secret et prépara une pomme empoisonnée. Celle-ci était belle et appétissante.

Cependant, il suffisait d'en manger un petit morceau pour mourir. La reine se maquilla, s'habilla en paysanne et partit pour le pays des sept nains. Arrivée à la maisonnette, elle frappa à la porte.

- Je ne peux laisser entrer personne, on me l'a défendu, dit Blanche neige.

- J'aurais pourtant bien aimé ne pas remporter mes pommes, dit la paysanne. Regarde comme elles sont belles. Goûtes-en une.

- Non, répondit Blanche neige, je n'ose pas.

- Aurais-tu peur ? Tiens, nous allons la partager...

La reine n'avait empoisonné la pomme que d'un seul côté, le côté rouge, le plus appétissant: Elle la coupa en deux et tendit la partie empoisonnée à Blanche neige, tout en mordant dans l'autre. Rassurée, la jeune fille la porta à sa bouche.

Elle ne l'eut pas plutôt mordue qu'elle tomba comme morte. La reine eut alors un rire diabolique.

- Blanche comme la neige, rouge comme le sang, noire comme l'ébène, tu es bien morte cette fois et les nains ne pourront pas te redonner la vie.

De retour- au palais, elle interrogea son miroir qui lui répondit :

- En cherchant à la ronde, dans tout le vaste monde, on ne trouve pas de plus belle que toi.

Et son coeur jaloux fut apaisé.


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