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la putain du cargo |
Je me suis réveillée sur un quelque chose de rugueux.
C'est la première sensation que j'ai ressentie. J'étais allongé
sur un tapis grossier, dans une cabine. La cabine du Capitaine.
"Mange" Il m'a tendu une tranche de pain. Que j'ai attrapé. Mes poignets étaient menottés. Mais j'ai mangé ce pain en me recroquevillant dans un coin. |
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"Je transporte des marchandises et j'en suis responsable. Dans cette
caisse, tu seras morte bientôt. Je te propose un marché. Fais
la putain pour l'équipage et tu auras une cabine pour toi . Tu seras
correctement traitée. Pas de sévices. Tu vends ton cul. Point.
A destination, dans trois semaines, je te remets en caisse et je livre
une marchandise en bon état. En échange, tu me donnes ce
que tes fesses rapportent. Qu'en penses tu ? L'animal dans la caisse, mort,
ou fille à matelot, vivante ?"
Je frissonnai. Trois semaines de répit. Presque libre. Après ce que j'avais subi, servir de passe-temps à quelques matelots me semblait une délivrance. Et j'allais vivre. Donc espérer. "J'accepte, Capitaine..." "Bien. Je te fais conduire à ta cabine. Repose toi, tu en as besoin. Mes hommes ne paieront pas une putain malade. Paolo, accompagne la. Quand elle sera remise, les hommes pourront prendre du bon temps avec elle. Comment t'appelles-tu ? C'est écrit sur ta médaille... Mais non qu'importe. Tu seras Rosy la putain du bateau. Va! |
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La cabine était sinistre. Sans hublot. Mais, bien qu'enchaînée par la cheville, j'y éprouvais une intense sensation de liberté. Enfin seule. Enfin chez moi. Je me ruais sur la bouteille d'eau, dévorais le contenu d'une boite de conserve (des haricots à la tomate je crois). Repue, je m'endormis d'un sommeil sans rêve.
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Dans la journée j'étais tranquille. Je déjeunais
d'une boîte, m'occupais de ma toilette.
Je faisais ce que bon me semblait. Lire les quelques revues que Paolo me donnait, m'assoupir sur le matelas défoncé. Jusqu'au début de soirée.
Le soir, tard, le Capitaine me faisait chercher. Dans sa cabine, il détachait mes poignets menottés (mes mains étaient toujours liées quand je circulais en dehors de ma cabine), me désignait la salle d'eau. Je me douchais, me séchait et me fardait. Il me conduisait ensuite au carré des officiers. Il s'affichait homme du monde et avait une table toujours bien garnie. Mais j'étais la putain, aussi devais-je me comporter comme telle. Il présentait mes fesses, mon ventre aux autres officiers, m'imposait de m'asseoir cuisses largement ouvertes.
Mon ventre ou ma bouche. Ou les deux. Suivant ses envies. Pourtant le voyage approchait de sa fin. Et moi de la mienne. Car je
ne savais ce qu'il adviendrait "là-bas" mais j'en étais terrorisée.
Ils avaient éclaté de rire. Le gros Peter m'avait tout expliqué. "Mais il n'est pas question de rendre notre petite putain. Pas question de te livrer à ces sauvages. Tu vas rester avec nous sur le bateau. Mais il ne faut rien dire au Capitaine et nous faire confiance. Confiance Kendra." Oui Kendra. Ils m'appelaient de mon prénom quand ils étaient entre eux. Jamais devant le Capitaine.
Les machines s'étaient arrêtées. On aboyait des
ordres dehors alors que le déchargement des marchandises commençait.
Le Capitaine, sans me regarder un seul instant, me laissa au mains de Peter et Paolo en leur précisant : "Ne serrez pas trop les cordes. Rosy nous a bien servi après tout" Paolo me fit un clin d'oeil alors que le Capitaine s'éloignait. "D'accord on garde notre putain avec nous mais faut pas qu'elle se sauve. Ou en profite pour prévenir les flics. Alors on va te cacher dans un double compartiment de la cale. Mais bien attachée.
"Dépêche toi donc ! " Paolo me poussa dans le trou sombre. "Rentre là-dedans Kendra" dit-il en me flattant l'entrecuisse. "Ah ah, le Capitaine t'a bien ramoné hier soir" Il cadenassa la chaîne à un plot d'amarrage ou je ne sais
quoi et ligota soigneusement mes chevilles.
Les sauvages ne te chercheront pas.Ils te croiront noyée et ne voudront pas courir le risque de faire rechercher la caisse. Donc tranquille. On appareille demain à la marée. Ne t'impatiente pas. Et ne te sauve pas ... Ha ha ha ! " La plaque de tôle retomba sur le trou et je me retrouvais dans
l'obscurité. Je les entendis qui serraient les écrous.
Puis leurs pas qui s'éloignaient... Je sus que j’étais libre |