Mais pas ma fin. Ni celle d'Hélène. Nous sommes immortelles ne l'oubliez pas.
Nous avons donc quitté la France pour une île des Caraïbes. Une île dont la législation est particulièrement clémente en ce qui concerne les dépots bancaires anonymes. On appelle cela un paradis fiscal. Mille sept cents ans d'existence m'ont permis de constituer une gentille petite fortune en or et joyaux. Mes avoirs sont répartis dans plusieurs pays, des paradis fiscaux, dont cette île où Hélène et moi vivont en attendant que le massacre des Van Glück soit oublié. Dans une dizaine d'années, il sera temps de songer à retourner en Europe.
Ce jour-là nous passons la journée à la plage. Hélène a insisté, prétextant que j'étais trop blanche, que j'avais l'air d'un cachet d'aspirine. J'ai accepté un peu à contre-coeur. Je n'aime pas beaucoup le soleil et je reste persuadée que les gens de qualité ne doivent pas ressembler à des paysans, avec un teint rougeaud et des crevasses plein le visage. Quelle horreur ! O tempora, o mores... Nous sommes donc là à lézarder, presque seules sur le sable. Non. Un homme passe en courant.
Je demande pourquoi il court. |