banniere Agnes Art
 

~ COLONIA DIGNIDAD ~ 


 

 

L'ARRESTATION

- Non !
Je m'échappai du lit, repoussant la cravache. De ce lit où il allait m'entraîner vers des pratiques qui me révulsaient.
- Non ! Pas ça ! Et pas ça non plus !
Je rejetai les liens de cuir qui ondulaient sur le lit comme des serpents obscènes.
- Je ne suis pas une poupée que l'on attache, que l'on manipule. Une poupée pour jouer à vos machins dégouttants.


- Taisez-vous ! Vous ne savez pas.
Il m'avait coupé la parole ! Avec cette autorité franche dont il faisait preuve en permanence.
Je l'avais rencontré au bar de cet hôtel de Valparaiso.
De Lizaigne. C'était son nom. Dominique de Lizaigne. Français. Probablement d'une de ces vieilles familles aristocratiques que l'on trouve partout en Europe (je le pensais, on me l'avait dit... Je n'y étais alors jamais allée) Les serveurs, les femmes de chambre, le directeur même, tous lui donnaient du "Prince"
Tous lui obéissaient naturellement.
Détails.
Qu'importe. Nous étions amants depuis trois semaines déjà et il faisait merveilleusement bien l'amour.
Il savait jouer de mon corps en virtuose et m'avait fait découvrir des accords que je ne soupçonnais pas et qu'aucun des mâles new-yorkais que j'avais fréquentés n'auraient pu imaginer.
- Non !
J'avais repoussé la cravache avec laquelle il avait commencé de me caresser le ventre et les seins.
- Taisez-vous ! Vous ne savez pas. Vous ignorez tout de la jouissance de la contrainte. Vous êtes coincé dans votre rôle de femelle féministe.
Il s'était redressé. Un peu plus petit que moi, il semblait me dominer néanmoins. Et ce cochon de mâle latin bandait. Sans honte.
Il me parlait, un discours de macho, et il bandait. Mes amants new-yorkais se seraient cachés, des deux mains ou d'une serviette...
Lui ? Non.
Il me coupait la parole et il bandait devant moi.
Il m'avait fait l'amour... peut-être trois heures durant.
Il m'avait effleurée, caressée. Longuement, doucement ou fermement.
Puis il m'avait prise en me mordant le cou comme un tigre. J'en frissonnais encore.
Je m'étais comportée comme une chatte en chaleur et j'avais joui... je ne sais pas... plusieurs fois.
Et cet animal, tout en me balançant ces propos phallocrates, bandait encore !
- J'espère pour vous, qu'un jour, vous vous agenouillerez pour recevoir le Collier de Servitude. Car sinon vous resterez insatisfaite à jamais. Je le sais !
- Vous le savez ? Et c'est quoi ce Collier ? Encore une de vos cochonneries ?
- Qu'importe ! Je ne puis vous expliquer. Nous dînerons ensemble demain soir. Un dîner d'adieu malheureusement. Ma mission m'appelle ailleurs.
- Dîner avec vous ? Après...
- Demain soir 20 heures. Je vous ferai porter votre tenue.
- Ma tenue ! Je ne suis pas à vos ordres et...
- Je sais. Mais vous m'obéirez car je vous le demande.
- Je...
- A demain donc. N'oubliez pas votre chaînette de cheville. J'aime beaucoup. Vous la portez avec beaucoup de grâce.
J'étais furieuse. Il m'avait presque chassée de sa chambre. Il allait m'imposer robe, chaussures, dessous et maquillage (il l'avait déjà fait) et je savais que j'accepterai.
Il m'avait regardé en parlant de ma petite chaîne et je m'étais senti à sa merci.
J'aurais aimé qu'il me l'eut offerte. Cette chaîne.


En regardant défiler les numéros d'étages dans l'ascenseur, je repensais à cette soirée...

Ting ! L'ascenseur s'immobilisa soudain au premier et la porte s'ouvrit en chuintant.
Je découvris les deux canons de deux pistolets qui précédaient deux hommes en costume et chapeau texan.
Qui me repoussèrent vers le fond de la cabine en m'ordonnant le silence.
L'ascenseur redescendit, un peu, puis ils le bloquèrent entre deux étages.

Une main se posa sur ma bouche, mes bras furent tordus en arrière, je tombai sur le sol.
Je voulus crier. Trop tard : un adhésif me réduisit au silence.

Je me débattis tandis qu'ils me ligotaient les poignets, qu'ils me passaient une corde autour du cou.
En vain.
L'ascenseur redémarra puis stoppa au sous-sol. L'un des hommes tira sur la corde m'obligeant à me relever, à le suivre.
Dehors, à l'arrière de l'hôtel où une voiture stationnait.


Je suivis en claudiquant, j'avais perdu une de mes sandales en me débattant.


Une bourrade me jeta à l'arrière de la voiture. Je me cognai le tibia, basculai sur le siège, assise la jupe retroussée.
Un froissement sur ma tête, qui m'obscurcit la vue.
Je...
Un sac de plastique.
Serré autour de mon cou par la corde.
Affolée, j'aspirai profondément ce qui plaqua le plastique sur mes narines, les obstruant.
- Tiens-toi tranquille putain. Ou je resserre la corde.
L'acier froid du pistolet souleva ma jupe de jean, s'insinua sous l'élastique de mon tanga.
Ooooh ...
Les doigts de l'homme baissèrent le tanga jusqu'à mi-cuisse, je respirais en haletant.
Les doigts de l'homme écartèrent mes cuisses, la sueur me piquait les yeux.
Les doigts de l'homme me palpèrent brutalement, je sanglotais.
- Ne bouge pas salope. Reste comme ça. Qu'on voit bien ta chatte de terroriste.
La corde se resserra, un peu. En avertissement.
Je gémis alors que ses doigts fouaillaient mon sexe. Ces doigts que j'imaginais sales, les ongles noirs et ébréchés.
Un coup sec arracha les boutons de mon chemisier et la main de l'homme qui malaxait mes seins dénudés me donna la chair de poule.
- Ah ! Tu aimes ça !
Je grognai lorsqu'il tordit un mamelon.
- Bien. Nous allons nous amuser en t'interrogeant. Descend !


La voiture s'était arrêtée, la portière avait été ouverte. Je ne m'étais même pas rendu compte que la voiture avait roulé.
J'étais prise entre une peur gluante qui me poussait à me débattre hystériquement et la volonté de maîtriser ma respiration chaotique.


La corde se tendit, j'obéis et je suivis mes ravisseurs.
- Ne lâche pas ton slip...
Le pistolet me heurta les côtes et j'avançai, cuisses écartées (ne pas laisser glisser mon tanga), tractée par la corde, par l'homme (ne pas ralentir, que le noeud coulant ne se resserre pas; ne pas respirer trop fort, que le plastique ne m'étouffe pas)
Un escalier métallique. Il glissa...Mon tanga ! Non ! Ecarter encore plus les cuisses, tendre l'élastique.

Une porte grillagée qui s'ouvrit en grinçant.
A travers la buée qui recouvrait le plastique, j'aperçus un geste d'invite...
- Entre putain.
On alluma une lumière jaunâtre et je distinguai une silhouette au fond de la pièce.
Une religieuse, les poignets ligotés, les yeux et la bouche bandés, accrochée par le cou, sur la pointe des pieds pour ne pas s'étrangler.
On me poussa vers elle. Le noeud coulant se détendit, on enleva le sac. Je respirai avidement.
Des meubles, des machines bizarres. Et cette odeur ! Mélange âpre de vieille transpiration, d'urine, de rouille et de... comme lorsque mon fer à repasser avait grillé. Il m'attacha à la place de la religieuse avec une corde qui m'obligeait à me pencher vers l'avant.
- Vous allez être interrogées et vous allez avouer vos actes terroristes. Nous sommes de bons chrétiens et respectons les hommes et femmes d'Eglise. Même si celle là est une terroriste, elle est quand même une religieuse. Elle ne sera pas interrogée nue. Toi oui !

Et il arracha les quelques vêtements qui me restaient.

 


L'autre homme, le petit, avait adossé la soeur à l'un des meubles, celui de bois et immobilisé ses poignets entre deux pièces de bois. Puis il déchiqueta sa robe, lui arracha. Avec un cutter il fit des trous à hauteur du pubis, à hauteur des seins de la femme.
Oh Dieu !
Je venais d'associer tous les éléments disparates, tous les composants de ces machines : c'étaient des instruments de torture électrique.
L'infortunée religieuse gémit lorsque l'homme enfonça l'espèce de cylindre métallique dans son sexe dénudé. Elle hoqueta lorsqu'il souleva sa jambe encore libre pour l'emprisonner dans le carcan.Elle s'arc-bouta mais inexorablement elle s'empala sur le pieu d'acier.
Les morceaux d'adhésifs furent arrachés et l'homme força un écarteur entre les mâchoires de la pauvre femme.
- Pour pas que tu te coupes la langue. Tout à l'heure. Quand ça va décharger.
La suite se déroula comme un dans mauvais film d'horreur.
Je regardais l'homme poser les pinces. Sur les tétons. Sur le clitoris.

J'en ressentis la morsure d'autant plus que je savais qu'après elle, ce serait moi qu'ils tortureraient.
- Ton slip toi. Je t'ai dit de le garder.
J'avais oublié mon tanga et j'avais instinctivement serré mes jambes lorsque le métal de la pince avait mordu dans les chairs tendres.
- OK ! C'est prêt. Toutes les heures une décharge. Une petite. Règle à 6, Ramon.
A demain matin, pour taper tes aveux. Et toi la salope juive, garde ton slip sinon !
La grille métallique claqua.


Leurs pas s'éloignèrent. Puis le silence. Presque.
Nos respirations rauques, haletantes. Les gémissements de la soeur. Le bois du carcan qui craquait lorsqu'elle bougeait pour se redresser. Mon coeur qui battait.
Et le tic-tac de la pendule ! Horriblement présent.
Demain matin ? Toutes les heures ? Elle subirait donc ...
J'arrêtai de compter le nombre de décharges qui la tortureraient. Et j'essayai de trouver une position moins douloureuse.
Tic tac. Tic tac.
Fascinée, je ne pouvais détacher mes yeux de la grande aiguille qui se rapprochait, impitoyable, de la petite aiguille.
Tic tac. Tic tac.
La femme bougea, se tordit le cou pour regarder la pendule. Ses yeux se mouillèrent et de grosses larmes coulèrent sur ses joues. Elle couina.


Moins cinq.
Tic tac. Tic tac.
Moins quatre.
Tic tac. Tic tac.
Moins trois.
Tic tac. Tic tac.
Moins deux.
Tic tac. Tic tac.
Moins...

Je sursautai lorsque la lumière violette illumina toute la pièce. La femme hurla. Malgré les entraves elle bondit et son corps sembla se disloquer. Des spasmes indécents la secouèrent. La machine démente craquait, oscillait. L'odeur d'urine emplit la pièce...


Et cela cessa soudain.
Je rouvris les yeux que j'avais fermés de terreur.
Elle... Elle s'était évanouie, tétanisée par la souffrance, profondément empalée sur le pieu de métal.
La grande aiguille poursuivit sa rotation.
La petite aussi. Beaucoup plus doucement.
Et toujours à chaque heure ce fut l'horreur. La lumière violette, les craquements, les hurlements. Et l'odeur !
Urine et sueur. Douleur et peur. Ozone.
Moi-même je puais. Mes reins cassés en deux me faisaient souffrir, mes cuisses étaient parfois prises de crampes ou de tremblements. Pourtant j'avais trouvé une position ou je reposais mon cou sur la corde sans trop m'étrangler. Et j'avais réussi à conserver mon tanga sur mes cuisses. Presque une victoire.
Un bruit en bas, dans l'escalier, sur le palier.
Les voici ! Nos bourreaux.
- Buenos dias.
Le plus grand (Pedro ?) s'approcha de moi tandis que l'autre allait vers la religieuse.
- Brave pute. Tu as obéi. T'as droit à une récompense.


Sa main se posa au creux de mes reins. Son autre main écarta mes fesses.
Un bruit de fermeture éclair.
Il crache, ça coule entre mes fesses, il étale la salive sur mon anus...
Il s'enfonça violemment en moi.
L'invasion brutale me déchira, m'arracha un grognement assourdi par le bâillon.
Je tombai vers l'avant retenue par la corde qui me garrottait et par les mains de l'homme dont les ongles griffèrent le haut de mes cuisses.


Je n'étais plus qu'une poupée de chair animée de mouvements saccadés par l'homme infâme qui me violait, qui me sodomisait.
Cela dura peu. Il éjacula rapidement, se retira. L'autre homme prit son tour et me viola lui aussi. Longuement mais ce fut mon ventre qu'il utilisa.
Ramon arracha l'adhésif qui me bâillonnait et enfourna son membre dans ma bouche.
Je gémissais, je grognais, sauvagement prise par la bouche et le sexe.
Ils m'abandonnèrent enfin, se réajustant, me laissant souillée, dégoulinant de leur sperme immonde, pantelante, prête à vomir.
Tandis que le petit homme s'asseyait devant la machine à écrire, le grand brandit une baguette électrique qui ronronnait doucement dans une lueur bleutée, menaçante.


- Tu réponds oui aux questions. C'est tout ce qu'on te demande. Vas-y Ramon.
Le petit homme, Ramon donc, entrepris d'énumérer les charges retenues contre la pauvre religieuse.
- La femme, Maria Gonzales, ici présente, religieuse de son état au cloître San-Bernardo est accusée d'association terroriste. Reconnais-tu ce crime ?
- Réponds femme Gonzales.
La baguette toucha le ventre nu de la femme. Un grésillement. Un cri.
- Réponds femme Gonzales.
Un "Si" à peine audible sortit de sa bouche hideusement distendue.
- Bueno. La femme Gonzales est accusée d'avoir hébergé un criminel terroriste en fuite. Reconnais-tu ce crime ?
- Si...
L'interrogatoire se poursuivit ainsi. Les accusations succédaient aux accusations, qui semblaient ubuesques, cauchemardesques.
Elle répondit "Si" à toutes les questions.
- Femme Gonzales, tu as avoué tes crimes et tu es reconnue coupable pour tout. Tu vas être transportée sur le lieu de ta détention où tu seras avisée de la sentence qui te sera appliquée. Evacue la Pedro, que l'on s'occupe de la putain communiste.
Le Pedro détacha la pauvre femme, la poussa vers moi, tandis que Ramon me déliait les mains, desserrait le noeud coulant et m'entraînait vers la machine de torture.
Dieu ! C'était mon tour.
Les poignets déjà emprisonnés dans le carcan, je vis le grand ligoter les mains de la condamnée, lui passer la corde au cou et repousser la lourde plaque métallique qui fermait le conduit d'évacuation.

La femme se tenait au bord du trou, affolée, implorant la pitié. En vain. Son tourmenteur acheva son sinistre ouvrage d'une médaille "Culpable" accrochée à une pince qui mordit cruellement un mamelon de la malheureuse suppliciée.
Le misérable tira sur la corde, la femme oscilla un instant sur la pointe des pieds, puis bascula dans le trou sombre où elle disparut de ma vue en râlant.


Le nabot avait déjà placé ma jambe gauche dans le carcan.
- Ce n'est pas une pendaison. En bas il y a une citerne vide. Pour vous transporter.
J'écoutais à peine ses explications.


Mon sexe gluant du sperme de mes violeurs s'ouvrait, s'évasait et je m'enfonçais sur l'infernal pieu de métal.
Les muscles de mes bras, de mes cuisses étaient contractés douloureusement. Déjà ! Qu'en serait-il dans une heure ? Dans deux heures ? Dans... Quand les deux aiguilles se rejoindraient. Plusieurs fois de suite...
Les pinces broyaient sans pitié mes pointes de seins, mon clitoris. Des cris inarticulés sortaient de ma bouche distendue.
C'était... Que les mots sont faibles pour décrire l'insupportable douleur et la peur sournoise qui empoisonnait mon esprit.
Ils palpaient mon ventre, ma poitrine en feu. Ils vérifiaient les pinces, les câbles mais je ne pensais déjà plus qu'à cette pendule folle qui tictaquait dans mon dos.
J'entendis les crans du rhéostat qu'ils réglaient :
1, 2, 3, 4, 5, 6 !
Mes bourreaux s'en allaient maintenant.
- A ce soir salope de terroriste. Amuse-toi bien.
Ce soir ? Il était à peine 8 heure du matin !
Tic tac. Tic tac.
Je ne voulais pas voir cette pendule monstrueuse.
Dans une heure. Dans soixante minutes. Dans 3600 secondes.
Dans 59 minutes !
… ne pas compter ne pas écouter ne pas attendre combien de secondes encore avant la première décharge …
J'avais vu l'effroyable douleur qui avait déformé le corps et le visage de la malheureuse.
Dans combien de temps ?
Non ! Ne pas regarder. Oublier. Penser à…
Dieu aidez-moi ! Ne m'abandonnez pas.
Dominique ? Sa queue qui me pénétrait. Dominique. Ses dents sur mes têtons. Sa bouche sur mon ventre. Sa langue… Dominique…
L'orgasme me saisit soudain. Mon esprit divaguait. Ailleurs. Je rêvais de ces nuits avec Dominique.
Le pieu de fer me rappela à l'ordre. Je m'étais relâchée et il heurtait le col de mon utérus.
Douleur sourde, lancinante.
Je me hissai, me redressai. Mal aux épaules. Mal aux poignets. Mal aux chevilles.
Moins mal au ventre.
Ne pas regarder, ne pas penser.
Ooooh… plus que quatre minutes.


Je remuai, j'essayai de me libérer: Le carcan grinça mais il tint bon.
Je me mis à sangloter, à trembler.
Ne pas penser, ne pas regarder, ne pas …

Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !
Comme un poignard, l'électricité transperça mes seins, mon sexe. Des spasmes cambrèrent hideusement mon corps, tordant mes articulations. Mes chevilles, mon dos, mes poignets, pris dans la cangue, semblaient se déchirer sur le bois dur. J'entendais une bête blessée hurler, grogner dans cette chambre de torture infernale: c'était moi qui hurlait et grognait dans la lueur violette des étincelles électriques.


Soudain tout s'obscurcit. C'était terminé.
Pour l'instant.
Je retombai, m'empalant profondément sur le dard de métal.
Mes muscles tétanisés ne m'obéirent pas et je restais ainsi, comme une poule embrochée, tremblante, haletante, puant l'urine, la mauvaise sueur et la peur.
La journée avait passée ainsi, rythmée toutes les heures par quelques instants de torture électrique.


Plusieurs fois déjà, seule la décharge électrique m'avait sortie de l'évanouissement.
J'étais abrutie de souffrance, geignant sans cesse.
Je ne voyais plus rien, je n'entendais plus rien.


Chacun de mes muscles semblaient paralysés. Mes mâchoires, mes bras, mes épaules, mes cuisses, mes jambes, mon dos, mon abdomen étaient noués.
Mes seins me brûlaient, tout mon ventre également.
Mes chevilles, mes poignets étaient à vif.
Ma vessie, mes intestins, mon estomac avaient rendu tout ce qu'ils pouvaient rendre.
J'avais uriné sous moi, j'avais déféqué sous moi. J'avais bavé et vomi sur moi.
La puanteur était innommable.
Et toujours, à chaque heure, l'électricité suppliciait mon corps qui mécaniquement tressautait encore comme une marionette mue par un dément, comme une proie sans vie secouée dans les mâchoires d'un carnassier sans pitié…



On me bougeait. On me déplaçait. On me mettait debout. Pour m'adosser à une surface froide, métallique. Les cordes qui lièrent mes poignets et mes chevilles, mordant la peau meurtrie me firent émerger de ma léthargie douloureuse.
J'ouvris les yeux: ils étaient là.
- Alors putain. La journée a été bonne ?
Ils s'esclaffèrent.
- Tu vas avouer maintenant. Quand on te le dira. Mais avant … C'est pour faire masse.
L'homme me présenta un énorme cylindre d'acier, se pencha et l'enfonça entre mes cuisses, dans mon vagin béant et douloureux.


Puis je basculai à l'horizontale.
Ma tête pendait vers l'arrière par une découpe de la table de fer et je sentis mes cheveux s'alourdirent.

De l'eau ! Il y avait de l'eau dessous, dans le bac.
- Mets sur 8, Ramon. Elle va aimer.
Crac ! Des picotements parcoururent mes seins, mon vagin, mon clitoris.

crac, crac, crac, crac, crac, crac, crac...

De nouveau les poignards. Qui se muèrent en milliers de dagues incandescentes. Cela irradiait, mordait, déchiquetait, brûlait mon ventre et ma poitrine.


Cela … je perdis connaissance… pour me réveiller dans un atroce gargouillement.
Ils avaient basculé la table et ma tête se trouvait sous l'eau sale. Ma bouche écartelée ne pouvait empêcher l'eau de pénétrer.


Je me débattis, essayai de sortir la tête hors de l'eau…
De nouveau les poignards, les dagues, les aiguilles, les crocs. L'eau et l'électricité. Noyée et électrocutée…
- C'est bien non ? Encore un coup et tu avoues tout.
J'étais désespérée, terrorisée. Je crachais, m'étouffais, fit non de la tête, non à une nouvelle décharge.
- Comment ça non ? Ramon, sur 9 !
Aaaaaaaaaarrrh !
- Tu avoues ?
- J'avoue, j'avoue. Tout ce que vous voulez. Mais arrêtez je vous en prie.
- Tu n'est pas ici pour prier mais pour avouer. Mets lui un petit 6. Elle prend son pied à chaque fois.
- J'avoue j'avoue j'avouuuuuu….
- Voilà. Ce n'est pas compliqué. Tu es une salope de communiste et tu as avoué tes crimes. Tu es coupable. On l'expédie Ramon.
Qu'importaient leurs mensonges, j'en avais fini avec les supplices. Je dus même les remercier.
Je fermais les yeux, écroulée sur le sol trempé, amorphe, tandis qu'ils me ligotaient les poignets dans le dos, qu'ils passaient le nœud coulant autour de mon cou.
Je sentis à peine la pince "culpable" qui mordit mon mamelon gauche.

La corde se resserra, m'étranglant en partie, alors qu'ils me soulevaient pour me laisser descendre dans le trou.


Mes pieds touchèrent quelque chose de mou puis une surface dure.

Quelqu'un cria, la corde se détendit et je tombai au fond de la citerne.
Avant de perdre connaissance, j'aperçus le visage horrifié de la religieuse.


 

L'ARRESTATION