INTRODUCTION
J'écris ces lignes
en 2122.
Personne en 1984 ne les lira jamais.
Mais j'ai besoin d'écrire.
J'ai besoin de me raconter mon histoire.
Ecrire est pour moi une guérison.
Mon Maître m'en a donné
l'autorisation.J'ai mendié
cette autorisation auprès mon Maître.
Je l'ai imploré, à genou.
Je n'avais pas le droit de parler, de quémander.
Mais je l'ai fait tout de même.
Mon Maître, le Prince Dominique de Lizaigne, m'a punie pour
cette faute.
Il savait que je devais écrire, il savait que je devais me
libérer de ces épouvantables souvenirs qui me faisaient
hurler la nuit.
Ses yeux attristés me l'ont dit. Il savait. Il comprenait.
Mais il m'a punie tout de même. Parce que j'avais parlé
sans son accord.
C'est Agnès qui m'a châtiée. Agnès la
gouvernante des esclaves.
Agnès, qui a fait semblant après les premiers coups.
Qui les a amortis ensuite.
Maître savait qu'elle faisait semblant.
J'ai vu la petite ride ironique qui plissait ses yeux.
Cette petite ride qu'il a lorsqu'il veut paraître un Maître
sévère et juste.
Je suis une esclave volontaire du Prince de Lizaigne.
L'esclave 309. L'esclave Helen.
J'ai fait acte d'asservissement après qu'il m'eut sauvée
des monstres qui m'avait enlevée et torturée.
Je sers mon Maître avec ferveur, selon mes capacités.
Celles d'une journaliste. Je rédige ses communiqués
de presse, je le conseille sur ses discours au Parlement européen.
Je le sers aussi avec mon corps.
Quand l'envie lui vient d'utiliser l'esclave 309.
Je suis jalouse de Laureline, son esclave favorite, presque son
épouse.
Jalouse ? Oui. Enfin un peu. Et je l'aime en même temps.
J'aime beaucoup Agnès aussi. Avec une pointe de jalousie.
Liés l'un à l'autre par la servitude, Maître
et Agnès semblent si proches parfois. Tellement complices.
Agnès qui a aidé Maître à me sauver.
Je suis un peu jalouse et très heureuse.
Heureuse de porter le collier de mon Maître.
Heureuse d'être à genou devant lui.
A genou ou allongée sur sa couche.
Attendant qu'il me donne du plaisir.
Je suis une esclave volontaire du Prince de Lizaigne.
L'esclave 309. L'esclave Helen.
Il y a longtemps, plus longtemps que ne le permet une vie humaine,
j'étais Helen Rosenblum.
Une journaliste indépendante travaillant pour plusieurs journaux,
écrivant de petits articles.
Mon univers se résumait à ma ville natale, New York
et à une vision provinciale du monde: il y avait New York,
ses habitants et le reste du monde.
Puis j'avais eu cette chance en 1984, de décrocher un reportage
pour Cosmopolitan. Un article sur les femmes au Chili sous le régime
de Pinochet.
C'est à Valparaiso que j'avais rencontré celui auquel
j'appartenais dorénavant en 2122, le Prince Dominique de
Lizaigne, mon Maître.
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