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~ COLONIA DIGNIDAD ~ 


 

 

LA DELIVRANCE

Je repris connaissance dans la salle d'interrogatoire. Et je me cachai le visage aussitôt.

Dominique était là, en tenue de combat avec deux hommes, également en tenue de combat. Il y avait également cette femme que j'avais vue condamnée ce soir et qui devait être pendue. C'est au moment de l'éxécution que j'avais perdu connaissance.

Ce soir là, je m'étais préparée, tenue de soubrette rose, et j'avais rejoins le docteur. Ses discours lui donnaient soif et je devais être prête à lui servir à boire. Comme à l'accoutumée, malgré son discours pompeux et paternaliste, c'était lui seul qui jugeait et condamnait. Cette femme avait donc été jugée et condamnée à la pendaison. Et puis, je ne sais pas ce qui s'était passé (maintenant je le sais, la femme, Agnès, m'a tout expliqué depuis). Il y avait eu tout d'abord cette odeur aigrelette, puis le noir complet: je m'étais évanouie.

Etendue aux pieds de Dominique, j'étais submergée de honte. J'aurais voulu être loin, être morte, afin que Dominique ne me voit pas ainsi, ne me voit telle que j'étais devenue : une putain.

- Laissez-moi, ne me regardez pas je vous en supplie. Je suis indigne de vous, je suis une pute. Qui n'a pas le droit de quitter Colonia. Mais sauvez la petite étudiante. Avant qu'ils ne la tuent. Elle doit être dans le laboratoire.

Dominique me regardait sans prononcer un mot, les mâchoires serrées. Il tourna la tête vers la femme Agnès, qui hocha la tête, et il approcha sa main de mon épaule. Je ressentis une légère piqûre et je perdis de nouveau connaissance.

Je n'ai ensuite aucun souvenir du voyage dans le temps qui devait m'emporter dans l'époque de Dominique, du Prince, de celui allait devenir mon Maître. Aussi je raconterai la suite de mon histoire en faisant appel à un narrateur, à un observateur.


Agnès avait l'impression d'être passée sous un rouleau compresseur. Elle avait mal partout, le cou raide et ses poignets écorchés par les liens brûlaient. Le Prince et ses gardes avaient pénétré dans Colonia aussitôt après qu'Agnès eut mordu la capsule de gaz neuro-paralysant. Assise sur un tabouret, dans la salle d'interrogatoire où elle avait conduit le Prince, les gardes et Helen sans connaissance pour quelques instants de répit, Agnès écoutait Helen gémir de honte. Jusqu'à ce que le Prince ne l'endorme d'une piqure calmante.

- Sais-tu où se trouve ce laboratoire, Agnès ?

- Pas vraiment Maître. Mais lorsqu'ils m'ont emmenée à l'échaffaud, nous avons suivi des couloirs et nous sommes passés devant une grande salle fermée de barreaux. Il y avait quelqu'un qui gémissait dedans.

- Simon, tu accompagnes Agnès. Mais ne tardez pas. L'effet du gaz dure environ une heure. Paul, tu restes avec Helen, j'ai un petit travail à terminer. Le chef de bande, c'est bien l'homme en costume ?

- Oui Maître, c'est bien lui.

Agnès savait ce qu'il avait l'intention de faire. En portant atteinte à la dignité d'Helen, dont il se jugeait responsable, on avait gravement offensé son honneur. Et cela, le Prince ne le pardonnait jamais. Il allait appliquer Sa loi, celle de Talion. Agnès se souvenait du Comte de Provence, qui, après avoir enlevé la jeune épouse-esclave du Prince, la Comtesse Laureline, avait été castré et asservi. Dont le cul avait longtemps été mis à disposition des esclaves mâles du Château. Il était mort depuis. Eventré, l'anus et les instestins déchirés par ce que les esclaves avaient pu enfoncer dedans.

Agnès préceda le garde, finit par retrouver le laboratoire.

La jeune étudiante s'y trouvait effectivement, enchaînée, torturée de manière abjecte.

Agnès en pleurait presque, de voir le pauvre corps déchiqueté par le fouet, les mamelons et la langue broyés par des pinces lestées de plomb, les lèvres intimes distendues et le sexe cisaillé par l'arête métallique sur laquelle ils avaient assis la jeune fille.

Et le marquage au fer rouge : fleisch.

- Quelle horreur ! Fleisch ? Qu'est ce que c'est ?

- En allemand cela veut dire viande. Je crois...

Agnès et Simon détachèrent la pauvre fille suppliciée qui s'évanouit dans les bras de l'homme.

 


Dans la grotte, où le petit groupe attendait l'arrivée de la machine temporelle, Agnès fouillait dans ses bagages à la recherche de tenues appropriées pour les deux rescapées, toutes deux endormies et allongées sur une bâche, nues.

Simon, le garde, se tenait auprès de la jeune étudiante, la contemplant avec cet air un peu niais qu'ont les hommes amoureux. Il avait obtenu du Prince la permission de l'emmener dans le futur. Elle ne pouvait qu'être en danger mortel si elle restait en 1984. Il en était de même d'Helen que le Prince avait décidé d'emmener également. A la fois pour sa propre sécurité mais aussi pour des raisons concernant le secret du voyage temporel.

Le Prince s'approcha d'Agnès.

- Ce n'est pas la peine de les habiller. Elles vont voyager en sarcophages de fret. J'ai appelé le Centre. La bulle arrive avec un champ magnéto-temporell de remorquage et trois sarcophages.

- Trois ? Pourquoi ?

Le Prince sourit :

- Parce que j'ai envie de voyager en bonne compagnie. Avec des citoyens respectueux de leur Seigneur. Que je n'ai pas l'intention de supporter la présence d'une esclave insolente et rétive.

- Ca veut dire que je vais voyager dans...

- un sarcophage de fret. Oui Agnès !

- Oh Maître, vous ne pouvez pas m'expédier là-dedans !

- Non seulement je peux mais je vais le faire... Attention elle arrive !

Une lumière intense illumina la grotte et la bulle apparut ceinturée du champ de remorquage transportant trois sarcophage de fret.

- Vous autres, emballez Maria et Agnès dans les cocons, je m'occupe d'Helen.

Les hommes s'activèrent. Agnès était déjà presque emballée. Paul, le garde, s'excusa :

- Excuse-moi Agnès, j'obéis aux ordres.

- Je sais, mais le Prince paiera pour cela...

- chuuut, il entend tout...

En effet le Prince avait entendu et il se retourna, un sourire carnassier aux lèvres.

- Mets lui un gode vibrant. Je me suis laissé dire que les interférences entre le champ temporel et le champ électrique donnent des effets tout à fait intéressants sur la libido des esclaves ainsi appareillées.

Agnès couina quand le garde poussa le vibrateur de bonne taille dans son vagin puis on entendit un "mmmf" quand le garde glissa la cagoule et força le bâillon entre les lèvres d'Agnès. A travers l'opercule qui perçait la cagoule de cuir, on pouvait voir les yeux d'Agnès lancer des éclairs de colère. Qu'un nuage de peur obscurcit quand Paul ferma la valve de la cagoule. Dorénavant Agnès ne pouvait plus respirer que par la bouche, que par le bâillon diffuseur. Et elle savait ce qui allait se passer quand elle serait dans le sarcophage, quand le liquide atteindrait sa bouche, ses narines (*). Helen et Maria étaient endormies, inconscientes, elles ne ressentiraient rien. Mais elle, Agnès, serait pleinement consciente.

Les ailes de la peur voletaient dans son esprit quand le liquide glacé arriva au niveau de son ventre, s'insinua dans son sexe écartelé par le vibrateur énorme. Les vibrations du gode s'amplifièrent soudain de minuscules décharges électriques. "Grrmmf" fit Agnès quand le liquide recouvrit ses seins dont les pointes s'érigèrent aussitôt. "Nnnngh" implora Agnès quand le liquide atteint sa bouche puis ses yeux, qu'il recouvrit entièrement sa tête. Elle retenait sa respiration instinctivement, bien qu'elle sut raisonnablement que cela était vain. Mais l'instinct animal combattait la raison humaine.

Un sursaut de révolte cabra son corps. "Oh Maître vous me le paierez..."

Puis elle ferma les yeux et inspira profondément. Volontairement. L'impression de se noyer plongea Agnès dans une terreur panique. Elle se débattait dans ses liens quand le Prince mit la machine en route. Elle se tordit dans le cocon quand le champ temporel intensifia les vibrations et les décharges électriques du gode.

Quand la lueur aveuglante de la machine temporelle entrant en phase de translation illumina la grotte, Agnès était déjà emportée dans un flot de jouissance qui semblait monter, monter sans jamais atteindre le sommet de l'orgasme.

 


Note : le déplacement temporel provoque la rupture des liaisons atomiques. Avant la translation, toutes les liaisons sont analysées et enregistrées dans une matrice mémorielle quantique. A l'arrivée, la "marmelade", (terme utilisé par les spécialistes pour désigner l'amas incohérent d'atomes résultant du déplacement) est réorganisée en fonction des données inscrites dans la matrice.Le déplacement temporel consiste donc à transporter d'un point de l'espace temps à un autre, cette marmelade et la matrice. A l'heure actuelle, au 22ème siècle, il existe deux supports matériels pour cette matrice (SMM):

un polymère siliconé liquide relativement peu gourmand en énergie de stabilisation; et un gaz, de la chimie du germanium qui a pour principal inconvénient d'être extrémement consommateur d'énergie ( 1000 à 5000 fois plus que le liquide).

Sachant que l'objet transporté doit être immergé totalement dans le SMM, on comprendra aisément le problème posé pour le transport des personnes. L'immersion totale dans le polymère liquide est très douloureuse tant sur le plan physique que psychologique (le sujet ressent une impression de noyade); alors que l'immersion dans le gaz n'est pratiquement pas ressentie.

Aussi réserve-t-on le gaz aux transports des personnes libres et citoyennes. Le liquide, quant à lui, est utilisé pour le déplacement du fret (le terme englobant les animaux, les végétaux, les marchandises et les esclaves) dans des containers de tailles et formes diverses.

 

LA DELIVRANCE